Madame ou mademoiselle ? La question peut paraître anodine. Pourtant, on n'impose pas aux hommes de dire s'ils sont mariés. Des organisations féministes ont donc décidé de partir en guerre, en exigeant le retrait de la case «mademoiselle» dans les formulaires administratifs. «Ouverture de compte en banque: impossible de se dire "Madame" si on est célibataire. C'est forcément "Mademoiselle". Pour les hommes, c'est Monsieur ou Damoiseau ?», ironise Christine sur le site Vie de meuf, qui recense toute sorte de clichés sexistes vécus au quotidien.
«Implicitement, on vous dit que vous n'êtes pas finie tant que vous n'êtes pas mariée»
«Ca peut paraître un détail mais c'est très symbolique des inégalités», explique Julie Muret, d'Osez le féminisme !, qui lance mardi, avec Les Chiennes de garde, une campagne pour la fin de la case «mademoiselle». C'est aussi ce que pense Laurence Waki, auteur de «Madame ou mademoiselle» (Editions Max Milo): on impose .une identité «soit en fonction de l'âge soit du statut matrimonial, c'est insupportable».
«Implicitement, on vous dit que vous n'êtes pas finie tant que vous n'êtes pas mariée», poursuit-elle. «Cela oblige la femme à exposer une situation personnelle et familiale», insiste Julie Muret, notant «la connotation condescendante» de «mademoiselle». «Je ne vois pas pourquoi on fait ce distinguo, qui n'a plus aucun sens», abonde Brigitte Grésy, auteur du Petit traité contre le sexisme ordinaire(Ed. Albin Michel), qui épingle les comportements quotidiens qui «infériorisent les femmes».
Exiger un «madame» dans les correspondances administratives
Même si cela est «moins important que les écarts de salaires (entre les sexes), les violences ou les difficultés d'accès à l'avortement», cette question n'est pas un détail car «le langage reflète la réalité du monde», poursuit Brigitte Grésy, qui a milité pour la féminisation des noms de métiers. Julie Mouret rappelle d'ailleurs que de nombreux pays ont abandonné la distinction, comme l'Allemagne, où on n'utilise quasiment plus le mot «Fräulein» (mademoiselle).
Qui plus est, souligne Laurence Waki, «le "mademoiselle" n'a aucune valeur légale, c'est simplement un usage» alors que l'on pense souvent que c'est la loi qui impose le «madame» aux femmes mariées et l'interdit aux célibataires.
«Ca ne va pas régler les problèmes des femmes»
Dès 1972, le ministre de la Justice de l'époque, René Pleven, indiquait qu'«aucune réglementation - fût-ce pour l'établissement des documents officiels (...) - n'impose un choix entre les deux». En 1983, la ministre des Droits de la femme, Yvette Roudy, parle même de «discrimination». En 2007, l'association Mix-Cité saisit la Halde du cas d'une femme à laquelle on réclamait 145 euros pour modifier le «mademoiselle» en «madame» sur sa carte grise.
Plusieurs lettres ou circulaires administratives ont demandé aux services de supprimer cet usage. Pourtant, force est de constater que la case «mademoiselle» n'a pas disparu de notre quotidien... D'où l'idée de «Osez le féminisme» d'inciter les femmes à exiger un «madame» dans leurs correspondances. Pour sa part, Olivia Cattan, de l'association Paroles de Femmes, ne voit pas cette question comme une priorité. «Ca ne va pas régler les problèmes des femmes, les violences, la précarité, c'est un coup de com», s'agace-t-elle, alors que l'actualité récente des féministes a plutôt tourné autour des violences sexuelles, affaire DSK oblige.
«Lancer cette campagne ne nous empêche pas de parler des discriminations ou des violences», se défend Julie Mouret, d'Osez le féminisme. Seul problème avec la fin du «mademoiselle», s'amuse Laurence Waki, «on ne décèlera plus les imbéciles», qui tentent de draguer en demandant d'un air entendu: «madame ou mademoiselle ?».
© 2011 AFP( A résumer en 150-200 mots)
O video em complemento.
Madame ou Mademoiselle ? La question qu'elles ne veulent plus entendre Vidéo jt_tf1_20h sélectionnée dans Actualité
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire